Fièrement perchée sur un promontoire rocheux qui domine les rues charmantes et les marinas luxueuses de la capitale éponyme d'Ibiza, la Dalt Vila (littéralement "ville haute") d'Eivissa est un témoignage saisissant du passé historique de l'île et une invitation à en apprendre davantage sur la plus légendaire des îles méditerranéennes.
Fondée au VIIe siècle avant J.-C. par les premiers colons phéniciens, qui baptisèrent l'île du nom de Bès, le dieu égyptien de la musique et de la fête, l'imposante enceinte de la vieille ville d'Ibiza a connu de nombreux changements au fil du temps. Peuplée à différentes époques par les grandes civilisations (Grecs, Romains, Maures, avant de tomber aux mains des rois chrétiens de Catalogne et d'Espagne), la place forte très convoitée d'Eivissa et de sa Dalt Vila rappelle que les Baléares étaient un point d'appui privilégié dans la péninsule ibérique.
Aujourd'hui, une promenade dans les ruelles étroites et le long des remparts impérieux de la vieille ville, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, et de ses environs est l'occasion d'observer l'héritage architectural de ses anciens gardiens, et de s'imprégner de la beauté et de la joie de vivre de la célèbre ville qu'ils nous ont léguée.
Le portail de Ses Taules, une magnifique introduction
Lorsque l'on quitte la place du Mercat Vell pour s'approcher de l'imposant pont-levis de Ses Taules, la célèbre entrée fortifiée de la vieille ville d'Ibiza, on est d'abord frappé par la taille et l'épaisseur des murs de la citadelle. Les innombrables assauts et raids des pirates et autres armées cupides ont conduit à protéger avec le plus grand soin cet établissement stratégiquement crucial. Le mystique français Nostradamus a dit un jour qu'"Ibiza sera le dernier refuge de la Terre". Il suffit de jeter un coup d'œil au portail Ses Taules pour comprendre pourquoi.
Tout autour de la vieille ville d'Eivissa et, en fait, dans toute l'île, on trouve une série d'imposantes murailles, de miradors, de bastions et de bâtiments fortifiés, dont la plupart ont été construits au XVIe siècle pour protéger "l'île blanche" des visiteurs indésirables. Si vous vous approchez un peu, vous verrez que de chaque côté de l'entrée voûtée de Ses Taules se trouve une statue romaine sans tête, réplique de l'époque romaine de l'île (les originaux peuvent être admirés au musée archéologique), tandis qu'au-dessus du pont-levis se trouve une plaque portant les armoiries du roi de l'époque, Felipe II, et le nombre 1585, date de l'achèvement des travaux.
À l'origine, le pont-levis qui protégeait la ville traversait un fossé naturel séparant la citadelle de l'île de ce qui est aujourd'hui le port de plaisance. Formé de gros bois, le pont-levis a été remplacé par une passerelle permanente en béton au début du XXe siècle.
Plaza de Vila, début du sanctuaire intérieur blanchi à la chaux
En franchissant le portail, vous pénétrez dans le Pati d'Armes, une série d'arches qui servaient autrefois de repli aux soldats lors des batailles défensives, avant d'être remplacées par les célèbres marchés hippies de la vieille ville - un témoignage en soi des changements dont l'île a été témoin au fil des ans. Ce patio tranquille mène à la Plaza de Vila, lumineuse et accueillante, et au début des charmants murs blanchis à la chaux du sanctuaire intérieur de la Dalt Vila. Cette jolie place pavée (agrémentée de charmants cafés et restaurants, de galeries d'art et de boutiques de souvenirs) abrite le fantastique musée d'art contemporain, qui présente une excellente collection de pièces modernes et avant-gardistes, dont des œuvres de Tàpies, Miralles et Hinterreiter, et constitue une visite incontournable pour tous les amateurs d'art.
C'est au cours de la guerre civile espagnole des années 1930 que les îles Baléares ont servi de refuge à ceux qui cherchaient à fuir et à résister aux forces franquistes, devenant à leur tour un havre pour les libres penseurs, les radicaux et les artistes du continent espagnol et d'ailleurs - une réputation qui perdure encore aujourd'hui. C'est pourquoi on trouve sur l'île un grand nombre de galeries et de boutiques artisanales, ainsi qu'un grand esprit de créativité et d'excentricité.
Pendant les mois d'été, la Plaza de Vila peut être un peu trop animée pour certains, mais une visite au début de l'automne permet de découvrir la beauté pittoresque de ses terrasses et de ses charmants petits balcons. Un peu plus loin de la place, vous trouverez la Plaza de Sa Carrossa, plus verdoyante et plus isolée, et sa curieuse statue d'un prêtre assis sur un banc. Il s'agit d'Isidor Macabich i Llobet, un prêtre et historien local qui a publié quatre volumes sur les racines, les traditions et l'histoire de l'île dans les années 1960, approfondissant l'histoire fascinante d'Ibiza comme personne ne l'avait fait auparavant, ni peut-être depuis. Il était également un archéologue, un enseignant et un poète de renom. À l'origine, la statue commandée en son honneur comportait une paire de lunettes, mais 24 heures après son inauguration, elles étaient tombées, laissant une expression quelque peu perdue sur le visage du prêtre.
Un peu plus loin se dresse le Baluarte (Bastion) de Santa Lucía, d'où l'on jouit d'une vue magnifique sur le port en contrebas ; la première des nombreuses occasions exceptionnelles de prendre des photos qu'offre la Vila de Dalt.
Découvrez le passé historique de la cathédrale d'Ibiza, la capitale de l'île blanche
Les rues et ruelles calmes et sinueuses de la Dalt Vila sont pour la plupart piétonnes, une invitation à explorer cette charmante vieille ville à pied. Si vous choisissez de le faire, vous tomberez tôt ou tard sur l'église Santo Domingo et la mairie voisine de la ville, qui occupe le site de l'ancien monastère. L'église abrite des religieuses pratiquantes, connues sous le nom de Ses Monges Tancades ("les religieuses cloîtrées"), qui fabriquent également de délicieux orelletes, des gâteaux locaux en forme d'oreille, qui sont vendus à travers une grille métallique aux voyageurs affamés qui passent par là.
Cependant, lorsque vous arriverez à l'église, votre regard sera sans doute attiré par la tour gothique de la cathédrale Santa Maria de las Nieves. Cette cathédrale emblématique du XIIIe siècle présente un aspect plus sobre que les cathédrales de Burgos et de Tolède. Elle a été construite après que les armées catalanes eurent repris la ville aux Maures, et érigée sur le site de l'ancienne mosquée de Yabisa (l'ancien nom maure de l'île), une pratique courante lors de la Reconquista espagnole. Construite à l'origine dans un style gothique, la cathédrale a fait l'objet d'une nouvelle restauration au XVIIIe siècle, conférant à certains de ses éléments un caractère baroque ; la riche histoire de l'île est une fois de plus immortalisée dans son architecture.
Une curieuse histoire d'intrigues et de trahisons entoure la prise de la ville aux Maures. La légende veut que cette ville apparemment invincible soit tombée à la suite d'une dispute entre le cheikh et son frère au sujet d'une maîtresse. Indigné d'avoir trouvé sa maîtresse dans le harem du cheikh, le frère révéla en cachette à l'armée catalane, qui avait jusqu'alors mené un siège infructueux de cinq mois, l'emplacement d'un passage souterrain secret menant de la Calle de San Ciriaco à la citadelle. Peu de temps après, les Catalans ont envahi la ville et la domination des Maures a pris fin. Chaque année, le 8 août, la fête de San Ciriaco est organisée pour commémorer la conquête, avec des danses folkloriques, de la nourriture et, entre autres, un concours de tir à l'arc !
Le château d'Eivissa, l'une des nombreuses richesses culturelles de la ville
En se promenant dans les rues de la Dalt Vila, on ressent une certaine sérénité, en profitant des plaisirs simples de ses charmantes maisons blanchies à la chaux et de ses places ombragée, isolées et fleuries. Alors que l'île est devenue célèbre pour son ambiance festive au cours des dernières décennies, une promenade tranquille dans ces rues étroites rappelle le côté plus discret de la vie ici, ainsi que, bien sûr, sa riche histoire.
Près de la cathédrale se trouve le musée Madina Yabisa, qui offre une démonstration fascinante du développement de la ville maure au Moyen Âge, et le musée archéologique d'Ibiza et de Formentera, qui abrite une petite mais fascinante collection d'objets phéniciens. Le plus impressionnant des autres édifices à voir dans les environs est sans doute le Castell d'Eivissa, qui est à bien des égards le cœur de l'île, et l'Almudeina voisine, ancien siège du pouvoir arabe.
C'est depuis le Baluard de Sant Bernat que l'on a la meilleure vue sur ces édifices. En effet, la position privilégiée de la cathédrale, du château et des zones environnantes offre des panoramas impressionnants sur les toits de la Dalt Vila et le reste de la ville d'Ibiza, ainsi que sur les eaux azur de la Marina Botafoc en contrebas. La vue depuis le mirador Rey Jaume I est exceptionnelle, surtout la nuit. À l'intérieur du bastion de Sant Bernat, vous trouverez une exposition d'armureries anciennes. Vous pourrez même essayer une armure et manier quelques-unes de ces armes anciennes, un must pour les enfants de tous âges !
Un quartier animé par les bars, les restaurants et autres activités
La Dalt Vila d'Ibiza possède cinq entrées, la deuxième (après Ses Taules) étant le Portal Nou, situé dans l'imposant Baluard de Sant Pere. Ce bastion et le tronçon de muraille de l'ancienne citadelle ont été conçus et restaurés au XVIe siècle par l'ingénieur italien Giovani Battista Calvi, à la demande du roi Carlos V, qui souhaitait protéger la ville des raids des Turcs et des pirates nord-africains. Le bastion abrite un musée qui présente une brève représentation audiovisuelle de la construction des murailles. Le Baluarte de Sant Pere a été utilisé pour accueillir des concerts et des événements en été, y compris le populaire Cinema Paradiso en plein air.
Le tunnel de 50 mètres du Portal Nou relie la jolie Plaza del Sol, à l'intérieur de la vieille ville, à la pittoresque Plaza de la Reina Sofia, juste à l'extérieur de la ville fortifiée. Les charmantes rues pavées de la Plaza de Sol sont un endroit merveilleux pour s'arrêter boire un verre ou manger et se délecter de l'atmosphère conviviale et décontractée de l'île.
Si l'histoire tumultueuse et le patrimoine architectural de la Dalt Vila sont fascinants, ce charmant quartier n'est pas un simple musée en plein air. Pour ceux qui visitent la ville pendant les mois d'été, le labyrinthe de rues étroites et d'escaliers de la Dalt Vila vous permettra de découvrir toutes sortes de bars, de cafés et de restaurants (bien qu'il n'y en ait pas à proximité immédiate de la cathédrale elle-même).
Parmi ceux-ci, nos préférés incluent Kyupiddo, un délicieux restaurant fusion japonais-méditerranéen avec terrasse, caché dans la tranquille Carrer de Joan Roman mais doté d'une superbe vue sur la marina. Le restaurant La Oliva, quant à lui, est un restaurant français pittoresque qui propose une excellente cuisine méditerranéenne. Les amateurs de sorties plus animées pourront opter pour la terrasse extérieure d'El Olivio Mio, un restaurant boho-chic coloré qui propose également un excellent menu méditerranéen.
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